Danièle Zucker

Au-delà de l’éphémère

 

Sans crier gare, le ciel s’est glissé sous mes pas. Une ombre est venue s’ajouter et j’ai couru pour en saisir la beauté.

Vacillement de l’image qui s’écoule au gré des flots. Une réalité évanescente  prise

dans la fluidité de l’écume, sans temps ni lieu et toujours sur le point de disparaître.

Le sable transformé en miroir sous la lumière de la mer du Nord nous donne à voir l’essence même de l’impermanence. Ces flux et reflux font coexister l’apparition et la disparition. Jamais l’image ne s’offre de la même manière. La transformation impose son rythme effréné et engage le visible et l’invisible dans une coexistence, dans une superposition d’états.  Une trace impalpable qui pose la question de savoir ce qu’est le réel.

Ce réel, je l’ai interrogé, observé et je n’y ai vu qu’ illusion.

Comment ne pas penser  à la science de l’infiniment petit et ses multiples étrangetés qui nous laissent perplexes? Celle qui nous enseigne que l’observation change foncièrement ce qui est observé et qui nous incite à réinterroger ce que nous pensons percevoir. C’est elle qui m’a profondément inspirée.

J’ai  dès lors traité le reflet au même titre que n’importe quelle « substance » en songeant qu’il révèle peut-être plus fidèlement cet incessant mouvement ondulatoire,  cet insaisissable que ma captation a réduit en images.

Danièle Zucker